Ma mère ne s’opposait à rien
Elle était accueil
Elle était comme la lune
Qui accueille la lumière du soleil …

Ma mère souriait à la vie
Je l’ai vue sourire …
Elle apprenait avec patience à se faire à tout :
Elle tachait de se tirer des misères
Que lui réservait l’existence …

Elle communiait aux joies.
Elle avait appris de sa mère, ma grand mère,
Que la vie est un don,
Un don que l’on reçoit
Un don qu’il faut entretenir,
Un don qu’il faut communiquer …

Elle ne travaillait pas pour s’enrichir
Elle travaillait pour vivre …
Vivre pour elle, c’était marcher avec mon père.
Elle faisait tout pour se montrer digne de son mari…

Elle entreprenait tout
Pour se montrer digne de ses enfants …
Quand il s’agissait de rendre heureux
Elle ne calculait pas

Aimé Césaire, poète antillais 1913 – 2008